Origine

Sa fonda­trice, Adriana Rojas, est d’ori­gine colom­bienne. Elle gran­dit entre sa langue mater­nelle, l’es­pa­gnol, et le français dont elle s’im­prègne depuis les premières années d’école. Après 18 ans dans le théâtre et autant dans la psycho­lo­gie orien­tée par la psycha­na­lyse, sa trajec­toire profes­sion­nelle abou­tira à l’idée de fonder l’as­so­cia­tion IN IT (Intimes Itiné­raires), comme réponse à la néces­sité de trou­ver un chemin authen­tique et origi­nal, nourri de ces deux pratiques. 

Biogra­phie

A 19 ans, voulant se consa­crer au théâtre, Adriana Rojas part étudier en France. Ici, la rencontre marquante est celle de Ryszard Ciez­lak (1937–1990), acteur du théâtre Labo­ra­toire de Jerzy Grotowski entre les années 60 et 80, en Pologne. Adriana Rojas intègre le Théâtre du Laby­rinthe, troupe de jeunes en forma­tion, que Ciez­lak dirige à Paris, durant les années 80, lorsqu’il travaille avec Peter Brook.

Vont suivre trois années en tant que stagiaire au Work­cen­ter of Jerzy Grotowski (Ponte­dera, Italie), centre de recherches para-théâ­trales. C’est là qu’elle rejoint le groupe qui travaille sous la direc­tion de Maud Robart. Cette artiste-péda­gogue recherche, à partir d’une approche trans­dis­ci­pli­naire et holis­tique, une voie d’ap­pli­ca­tion dans le contexte moderne de tech­niques artis­tiques origi­naires, consi­dé­rées par elle comme outils spéci­fiques de trans­mis­sion et chemin de connais­sance. A partir d’une moda­lité inhé­rente à la tradi­tion orale, Maud Robart puise dans les prin­cipes trans­cen­dants des chants et des danses rituels afro-haïtiens, pour faire exis­ter une dialec­tique en acte avec la manière de se repré­sen­ter la créa­ti­vité dans la situa­tion contem­po­raine.

Cette expé­rience, en conti­nuité avec celle de l’en­sei­gne­ment de Ryszard Ciez­lak, vont donner à Adriana Rojas les outils pour s’en­ga­ger prin­ci­pa­le­ment dans le travail de forma­tion de jeunes acteurs en Colom­bie. Elle y exerce durant 8 années la fonc­tion de forma­trice dans des écoles de théâtre. Paral­lè­le­ment, elle est co-fonda­trice et co-direc­trice de deux groupes de théâtre à Bogotá (CENIT, Teatro Vara­santa).

S’en­suit un retour en France où après 8 années d’études, elle travaille comme psycho­logue. C’est dans la décou­verte de la psycha­na­lyse et des ques­tions essen­tielles qu’elle pose, qu’A­driana Rojas trouve un écho dans celles que soulève la recherche artis­tique: l’in­con­for­table et perma­nente ques­tion sur l’être ainsi que la recherche de l’au-delà des formes (la mélo­die d’un chant, la struc­ture d’une danse, les contours d’un symp­tôme), sont des éléments persis­tants au cœur de la pratique théâ­trale, comme dans l’ex­pé­rience analy­tique. Ils se réac­tua­lisent en s’ins­cri­vant dans la réalité de notre moder­nité, pour mieux l’in­ter­ro­ger.

Le chemin artis­tique proposé par Maud Robart (le jaillis­se­ment de la spon­ta­néité primor­diale au travers de et en tension avec des struc­tures maîtri­sées) d’une part, et ce que défend la psycha­na­lyse en mettant le sujet au centre de son discours (sujet de l’in­cons­cient où le symp­tôme est pris comme une force créa­trice) d’autre part, sont des voies à contre-courant, qui ne peuvent se réali­ser en allant dans le sens imposé par la société actuelle.

L’ul­tra consom­ma­tion, la techno-science, l’injonc­tion d’ef­fi­ca­cité, l’ho­mo­gé­néi­sa­tion, etc., sont anti­thé­tiques d’une autre dyna­mique fondée sur l’at­ten­tion envers soi et envers l’autre, sur l’écoute de notre rythme inté­rieur, dans le temps et dans l’es­pace présents. Le discours ambiant nous enjoint à suivre la verti­gi­neuse ligne droite vers un futur toujours plus promet­teur de gadgets, un espace-temps parfait nous est promis en créant l’illu­sion d’échap­per aux diffi­cul­tés de la vie. En sens inverse, les deux champs d’ac­tion qui inspirent Adriana Rojas demandent d’al­ler dans la direc­tion oppo­sée: prendre le temps de cher­cher, ne pas s’ins­tal­ler dans le confort de la stabi­lité d’un aperçu de vérité, s’ou­vrir à l’in­connu. Ils font appa­raître la diffi­culté là où on croyait avoir trouvé une solu­tion, de sorte qu’ils stimulent le besoin de conti­nuer à creu­ser. Ils font appa­raître le mystère que nous repré­sen­tons pour nous-mêmes.