« On va où, Ana? » 2018

FILM DOCUMENTAIRE POÉTIQUE, CAPTEUR DE RÉALITÉ

Réali­sa­tion: Gene­viève GUHL, Adriana ROJAS – Montage/Image: Julie BEZIAU

C’est l’his­toire de Patrick et Ana.

Ou comment une personne qui bascule dans la mala­die mentale peut, en compa­gnie d’une autre, trou­ver de nouvelles solu­tions d’exis­tence. Résis­ter pour ne pas passer du côté de l’ex­clu­sion par l’ou­bli, la peur ou la médi­ca­li­sa­tion radi­cale. Un choix risqué face à la tyran­nie de la norma­lité.

Ana, en dehors de son métier d’os­téo­pathe, assure pour son couple toutes les consé­quences de ce choix.

Patrick était kiné­si­thé­ra­peute. Aujourd’­hui il marche et il danse, il joue aux jeux de mots. Il glane et fait les poubelles pour trans­for­mer le déchet en or.

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Film réalisé en 2018

Marseille, Monac­cia D’Olène (France – Corse du Sud), Medel­lin (Colom­bie)
Réali­sa­tion Adriana Rojas & Gene­viève Guhl
Image : Gene­viève Guhl – Son : Adriana Rojas
Tourné en Pana­so­nic HDC-HS900 – Iphone – Lumix & ZOOM H4

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Histoire

Ana et Patrick sont mariés depuis plus de 25 ans. Ana vient de Medellín en Colom­bie, elle est méde­cin ostéo­pathe. Patrick est d’ori­gine Corse, il exerçait en tant que kiné­si­thé­ra­peute. Ils vivent à Marseille depuis qu’ils se sont rencon­trés.

En 2008 on a fait à Patrick le diagnos­tic d’une DFT (dégé­né­res­cence fronto-tempo­rale), mala­die appa­ren­tée à l’Alz­hei­mer. Elle a commencé à se mani­fes­ter prin­ci­pa­le­ment par des troubles du compor­te­ment et une déso­rien­ta­tion spatiale. Pour Ana il était évident de pour­suivre sa vie avec lui malgré tout, de ne pas le placer en insti­tu­tion. Le vide s’est « créé » autour d’eux (exclu­sion du milieu social). Dès lors se réveille en Patrick une passion pour le glanage dans les fonds marins, dans les rues et les poubelles. Il y trouve toutes sortes d’objets et coquillages qui donnent lieu à des créa­tions de sculp­tures, tableaux, costumes, révé­la­teurs de son nouvel univers mental. Il se passionne égale­ment pour la marche, la danse, la visite des églises et les jeux de langues ouli­pesques.

Il a toujours nié être malade et Ana a suivi son courant. Ils n’uti­lisent rien de la méde­cine allo­pa­thique et de temps en temps un peu de méde­cine alter­na­tive. Son état conti­nue à se dété­rio­rer, on lui a trouvé une autre mala­die neuro­lo­gique, une SLA (Sclé­rose Laté­rale Amyo­tro­phique). Les créa­tions et déco­ra­tions ne font plus partie de son acti­vité mais il conti­nue à marcher, à danser et à faire des gestes jusqu’à ce qu’il fasse rire les gens, ce qui le rend heureux. Des fois quelques uns, into­lé­rants, ne rient pas autant, cela les dérange, mais Patrick conti­nue à en rire et à se moquer du monde entier. Ils doivent, dans une nouvelle vie réor­ga­ni­ser, recti­fier, réin­ven­ter au jour le jour. Ici l’hu­ma­nisme est un appren­tis­sage concret et tangible.

Nous avons voulu faire un film qui capte ce que la vie de ce couple singu­lier, au sein même du monde, a à nous dire et nous révé­ler.

A l’ins­tar des moyens que se propose le futur lieu de créa­tion (In-It) à Toulouse, une démarche qui privi­lé­gie l’en­ca­dre­ment de la source créa­tive plutôt que le résul­tat, il nous a semblé que la théma­tique de ce film, qui en est le premier projet, en donne­rait un témoi­gnage vivant.